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10e conférence de l’Organisation Européenne contre l’AVC

L’Organisation européenne contre l’AVC (European Stroke Organisation – ESO), créée en 2007, est composée de membres individuels et de représentants d’organisations dont l’objectif est de lutter contre l’AVC, notamment en diffusant les derniers résultats d’essais cliniques lors de ses conférences. La dixième conférence de l’ESO s’est tenue à Bâle (Suisse) du 15 au 17 mai 2024. Anticoag-Pass-S2D s’en fait ici l’écho.

Expérimentation d’un réseau de télé-AVC en Australie

Le docteur Candice Delcourt a présenté les résultats d’une étude non randomisée portant sur l’efficacité d’un réseau de télémédecine entre des unités neuro-vasculaires de proximité et un centre de référence rompus aux procédures de thrombectomie pour les patients atteints d’accident vasculaire cérébral (AVC). Les chercheurs ont évalué le taux de recours à la thrombectomie pendant trois mois avant la mise en place de la nouvelle organisation et trois mois après. Les équipes des unités de proximité ont suivi des séances de formation à la prise en charge des AVC, à l’utilisation des appareils d’imagerie cérébrale, à la procédure avec le centre de référence, à l’aide notamment d’outils de réalité virtuelle. Les centres de références ont supervisé le réseau durant l’étude. L’étude a inclus un total de 1.011 patients. Elle a montré que les chances d’être traité par thrombectomie ont augmenté de 44 %. D’autres travaux devront être menés pour confirmer l’efficacité de ce type de réseau avant d’envisager la possibilité de les généraliser.

Utilisation de l’andexanet alfa pour le traitement des hémorragies cérébrales

Les résultats de l’essai clinique Annexa-I publiés dans le New England Journal of Medicine (NEJM) ont fait l’objet d’un commentaire du Pr David Seiffge de l’hôpital universitaire de Berne lors de la conférence de l’ESO. Cet essai faisait partie des conditions nécessaires pour confirmer une autorisation de mise sur le marché conditionnelle accordée par  l’Agence européenne du médicament en avril 2019 à AstraZeneca pour l’andexanet alfa. Ce médicament est indiqué chez les adultes traités par un inhibiteur direct du facteur Xa (rivaroxaban, apixaban, edoxaban, betrixaban) en cas de survenue d’une hémorragie incontrôlée ou menaçant le pronostic vital. Annexa-I devait inclure 545 patients adultes présentant un épisode hémorragique cérébral aigu après un traitement par inhibiteur de facteur Xa administré principalement pour une fibrillation atriale. L’essai a dû être interrompu après les résultats positifs de l’analyse intermédiaire d’efficacité et de sécurité. Le critère principal d’évaluation était atteint, avec 67 % des patients traités par andexanet contre 53 % dans le groupe contrôle, au prix toutefois du quasi doublement des événements thrombotiques à 30 jours. En particulier, un accident vasculaire cérébral ischémique est survenu chez respectivement 6,5% et 1,5% des patients. Le Pr Seiffge a souligné que  l’expansion de l’hématome était associée à un risque de décès et que contrôler l’hématome était prioritaire.

Voir l’article du NEJM (en anglais)

Conditionnement ischémique à distance

Les résultats de deux études portant sur l’efficacité du conditionnement ischémique à distance en cas de survenue d’un AVC ont été présentés lors la 10ème ESO. Cette technique consiste à provoquer périodiquement de brèves ischémies au niveau d’un membre, à l’aide par exemple un brassard de tensiomètre, ce qui semble activer un système de protection physiologique de l’organisme contre les dégâts tissulaires cérébraux en cas d’AVC.

Dans la première étude, Remote-Cat, la technique a été utilisée lors du transport en ambulance de patients avec un AVC ischémique. Compte tenu des moyens alloués à cette étude, seulement 200 patients ont été inclus sur les 570 prévus, randomisés entre le conditionnement ischémique à distance à l’aide d’un dispositif électronique et un conditionnement factice. Le diagnostic d’AVC ischémique a été confirmé à l’arrivée à l’hôpital pour 122 patients. Le critère principal d’évaluation portait sur l’incapacité (échelle de Rankin modifiée – mRS). Il a été atteint par 65 % des patients ayant reçu le conditionnement actif contre 47 % dans le groupe contrôle. Ces résultats sont encourageants mais devront être confirmés avec des effectifs de patients plus importants.

La seconde étude, Rich-2 portait sur 458 patients ayant un AVC hémorragique et un hématome entre 10 et 30 ml également randomisés entre un conditionnement ischémique réalisé à l’aide d’un dispositif automatique gonflé à 200 mmHg, pour cinq cycles de cinq minutes, une fois par jour pendant sept jours consécutifs et une pression de 30 mmHg pour le groupe contrôle. L’étude n’a pas montré de différence statistiquement significative pour le score mRS. L’un des chercheurs a indiqué que ce résultat pouvait s’expliquer par la faible sévérité des cas d’hémorragie cérébrale inclus et le faible volume de l’hématome.

Technique de la réduction de la tension artérielle

Les résultats de l’étude chinoise Interact4 ont également été présentés à la conférence de l’ESO. 2.404 patients adultes, avec une suspicion d’AVC et une pression artérielle systolique d’au moins 150 mmHg, ont été inclus puis randomisés entre l’administration immédiate de l’antihypertenseur urapidil en intraveineuse dans l’ambulance, avec une pression cible de 130-140 mm Hg, et pour le groupe contrôle le recours à l’antihypertenseur dès le transport uniquement en cas de pression systolique de 220 mm Hg ou plus. Finalement, un AVC a été confirmé par imagerie chez 2.240 patients, il était hémorragique dans 46,5 % des cas et ischémique dans 53,5 %. Le critère principal d’évaluation n’a pas été atteint, avec une distribution des scores d’évaluation fonctionnelle mRS à 90 jours de suivi sans différence significative entre les deux groupes. Le taux de décès à 90 jours était de 22, 5% parmi les patients ayant reçu précocement le traitement antihypertenseur et de 22,6 % dans le groupe contrôle, là aussi sans différence statistiquement significative. Dans un éditorial associé, le Dr Jonathan Edlow du Beth Israel Deaconess Medical Center à Boston a souligné que les traitements précoces pouvaient avoir des effets importants seulement s’ils reposaient sur un diagnostic précoce précis.

Voir l’abstract de l’article publié par le New England Journal of Medicine (en anglais)

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